Les Inuits préoccupés par la fonte des glaces au Groenland

Publié le par p_mplemousse

 

ILULISSAT, Groenland (AP) - Le réchauffement climatique entraîne la fonte progressive des glaces dans la région arctique, notamment au Groenland, où il menace le mode de vie traditionnel des Inuits et la survie d'espèces animales comme l'ours polaire.

A Ilulissat, dans le centre-ouest du Groenland, les Inuits voient avec inquiétude de gigantesque blocs du glacier Sermeq Kujalleq s'effondrer dans les eaux d'un fjord.

"Avant, on pouvait marcher sur la glace dans le fjord entre les icebergs pendant six mois en hiver, creuser des trous et prendre du poisson", souligne Joern Kristensen, un pêcheur inuit. "Nous ne pouvons plus le faire que pendant un ou deux mois désormais. Il devient plus difficile de conduire les traîneaux à chiens car la glace entre les icebergs n'est plus solide", ajoute-t-il.

Dans tout l'Arctique, les peuples autochtones redoutent les conséquences du réchauffement climatique sur leur mode de vie. "Nous observons que l'automne a tendance à être plus long et humide", note Lars-Anders Baer, un responsable des Samis, un ancien peuple nomade d'éleveurs de rennes en Suède.

"Si le climat se réchauffe, c'est probablement mauvais pour les rennes. De nouvelles espèces végétales arrivent et étouffent les autres plantes qui sont la principale source de nourriture des rennes", souligne-t-il.

La hausse des températures est également un motif d'inquiétude dans la région des Nenets, en Sibérie, qui vivent essentiellement de la chasse, de la pêche et de l'élevage des rennes. "Nous avons aujourd'hui des brèmes dans nos rivières, ce qui est nouveau car c'est un poisson typique de régions plus chaudes", souligne Alexandre Navioukov, un membre de la communauté.

La fonte du permafrost a endommagé de nombreux bâtiments, voies ferrées, pistes d'aéroport et gazoducs en Russie, selon l'Evaluation de l'impact sur le climat de l'Arctique 2004, commandée par le Conseil arctique, qui regroupe huit pays.

Des recherches montrent une disparition des turbots, morues et de crabes dans certaines zones de la mer de Béring, une importante zone de pêche entre l'Alaska et la Russie. On note également une recrudescence des inondations du fleuve Léna, un des plus grands de Sibérie, liée à l'élévation des températures.

Au Groenland, Anthon Utuaq, un chasseur à la retraite de 68 ans, à Kusuluk (est), craint que le réchauffement n'empêche son fils de continuer à exercer le métier de la famille. "Il aura peut-être du mal à trouver des phoques", dit-il. "Ils iront plus au nord si le climat se réchauffe."

La banquise arctique a perdu quelque 8% de sa superficie, soit près d'un million de kilomètres carrés, depuis 30 ans. A Sisimiut, la deuxième ville du Groenland, les lacs ont doublé de volume durant la dernière décennie.

La température moyenne au large de la côte ouest du Groenland a augmenté ces dernières années passant de 3,5 à 4,8 degrés et les glaciers de l'immense île danoise ont commencé à reculer, souligne Carl Egede Boeggild, un expert. En août, une étude américaine a estimé que d'ici un siècle l'océan Arctique pourrait être libre de toute glace l'été pour la première fois depuis un million d'années...

Avec la hausse de la température, certaines bactéries, plantes et animaux pourraient disparaître tandis que d'autres prospéreront. Les ours polaires et d'autres espèces qui dépendent de la banquise pour se reproduire et se nourrir sont menacés à terme, soulignent les experts.

La fonte de la banquise constitue également un grave problème pour les Inuits, précise Peter Ewins, de la branche canadienne du Fonds mondial pour la nature (WWF). Ils en ont besoin pour attraper des phoques, mais "ils peuvent de moins en moins le faire car la glace est plus instable et plus fine", observe-t-il. AP

Publié dans liberetonesprit

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article